Lundi, huit heures du matin, et les rues de la ville sont déjà réveillées. Elles grouillent de toute sorte de gens : des pressés d'arriver au travail, des rêveurs qui aiment juste l'atmosphère du lever du jour, ceux qui ne sont encore qu'à moitié éveillés et d'autres qui sont déjà pendus à leur téléphone. Un café à la main, ils profitent tous de leur matin d'une manière ou d'une autre, avant d'aller sur leur lieu de travail, d'étude ou autre. Et puis, il y a Molly.

Molly, elle fait partie de la ville, elle aussi. Mais d'une manière différente. Tandis qu'elle regarde tout le monde courir dans les rues de New York en se disant qu'ils ressemblent à des fourmis, du haut de son toit, ses poumons s'emplissent d'un air frais. L'air dont ceux tout en bas ne peuvent pas profiter.  C'est comme si elle possédait la liberté et son sens au creux de sa main. Comme si elle tenait le fil d'un ballon invisible qui lui permettrait une vie douce et colorée.

Lorsqu'elle redescend de son toit, c'est parce qu'elle a faim. Alors, elle va se commander un hot dog au stand sur le trottoir de l'avenue. Elle rencontre le regard des adultes, ceux qui portent un costume pour travailler, mais aussi celui des adolescents qui, eux, marchent en groupe ou dans leur bulle. La première catégorie affiche un air beaucoup trop sérieux, voilà donc ce qu'elle fuit, Molly. Elle fuit ces barreaux dorés autant qu'elle le peut, même si elle sait que ça pourrait lui apporter plus de confort et de stabilité. Ce qu'elle fuit aussi, ce sont ces groupes d'adolescents qui adorent les bruits de couloir. Être enchaînée à une routine morne, non merci ! Mais être enchaînée à des dictats sociaux... Encore moins !

Elle est libre, Molly. Aussi libre que l'air, enfin presque. Après son hot dog, elle se décide enfin à retourner à la boutique. Elle remet son tablier, puis elle arrange les compositions florales qui ornent le magasin avec un sourire aux lèvres et des rêves plein la tête.