J’ai longtemps pensé que j’étais mieux seule, sans ma Hana. Éviter de lui pourrir l’existence comme j’ai pu le faire dans le passé. C’est dingue comme je peux collectionner les erreurs —parce que, oui, c’en est une.— moi, j’ai jamais voulu lui faire du mal ou lui pourrir l’existence, c’est une fille tellement bien. Putain, Luce ! Arrête les erreurs, au moins une fois dans ta vie !
Ça fait déjà quelques années que je suis de retour ici, dans mon apparte miteux, mais je suis chez moi. Et le pire dans tout ça, j’ai pensé à Hana en la croisant hier, par pur hasard dans la rue. Elle a du me prendre pour une folle à la fixer comme si j’avais vu un fantôme.
Mon fantôme.
Ouais, j’ai été assez conne pour m’arrêter au milieu du trottoir et la dévisager comme si elle avait une énorme pustule sur le pif et la suivre du regard jusqu’à ce qu’elle change de trottoir. Elle a flippé, c’est sûr. Paraît que j’en loupe pas une, moi, ben j’en ai la preuve si j’avais encore des doutes, tiens ! Pour tout dire, j’ai passé la nuit à fouiller, fouiner, chercher. J’ai tout fait pour savoir où elle habitait ma Hana. J’ai cherché super longtemps avant de tomber sur une adresse, la sienne. Et celle de Jo, ma meilleure amie. Je me demande encore comment j’ai fait pour ne jamais croiser Hana chez elle alors que j’y passe au moins une fois par semaine. C’est le destin qui te dis de pas aller faire chier Hana, Luce !
Ça fait déjà trente minutes que je suis derrière cette porte que je connais par cœur. Je pourrais même dire les endroits exacts, au millimètre même, où le bois de la porte est éraflé, abîmé, dénué de vernis. Quand des pas résonnent derrière moi, j’arrête de respirer, c’est elle ? Je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule.
Non. Juste un gars.

“ Salut Hana ! C’est Luce. Que t’es conne… elle te connaît pas sous c’nom là. Aller recommence Luce. Salut, j’suis Lucas. Enfin, maintenant c’est Luce. ”

Ma main s’abat nerveusement sur la porte. MERDE ! c’est trop tard. J’entends des pas derrière la porte. C’est peut-être juste Jo qui va m’ouvrir. Je secoue la tête, me balance d’un pied à l’autre. J’entends le verrou cette fois-ci. DOUBLE MERDE ! c’est bien son visage qui apparaît. C’est elle.
Ma Hana.