Clients désabusés et ô combien survoltés. Problème de voisinage et autres coups retentis ce jour-ci en plein Walmart. Enseigne sommaire d’un petit coin du Queens pas si clair que cela. Le drame survint et les employés, retranchés derrière leurs caisses ont été nombreux à avoir été interrogés. Le ventre qui crie famine, l’audace de quémander mais l’injonction de ne rien toucher pour quelques empreintes dérobées. La journée qui s’étire et le ventre qui crie famine. Désespérée, les deniers impactés et le magasin scellé pour la fin de journée. Errance extrême de Tina qui, au volant de sa vieille coccinelle s’embarque sur le chemin du retour, le Bronx encore éclairé par des lampadaires imparfaits. Yeux volant toutes ces stellaires mises sur son chemin pour mieux briller. Et rêver. D’une justice qu’elle réclame. D’oubliés qu’elle va rencontrer car c’est au centre culturel qu’elle élira domicile pour la nuit, assurant une permanence plutôt que tourner en rond dans son foyer. L’envie subite de s’arrêter pour manger. Le besoin viscéral, une pâtisserie. Pain au chocolat, éclair, croissant qu’importe mais la saveur caractéristique de ces endroits embaumés aux senteurs guère factices. Les hormones commandent et Tina obéit. Elle se gare face au néon qui clignote et indique la présence de pareilles denrées dans le coin du Bronx où elle se tient. La portière claque et au prix de multiples efforts, elle parvient à correctement la fermer, tapotant gentiment sur l’aile de la voiture comme une caresse à une vieille copine désespérée. Prostrée devant la vitrine, elle fait de grands signes, elle aussi, aux abois. Sautant presque sur le bitume, et hélant la personne dont elle distingue les traits à travers la vitre. Elle sait l’établissement fermé mais un peu d’humanité pourrait irradier de la donzelle de l’autre côté. Passage obligatoire pour ne pas choir sans pensées une fois sa vie révolue. Aider Tina fait partie de ses missions d’existence pour gagner des points !

L’âme charitable qui fait retentir le carillon caractéristique de ces endroits sympathiques où flâner se fait par la poésie décrite dans les saveurs harmonisant un croissant ou autre douceur. Le regard lové contre ladite donzelle qui s’avance, l’air plus qu’accueillant. Loin de ses fréquentations aléatoires et peu orthodoxes dans ce monde sur lequel elle vibre, contre lequel souvent elle se heurte mais qui toujours prend la tournure qu’elle désire, au prix de ses efforts acharnés. Le mal de tête chronique du bip bip des articles résonne encore dans son lointain inconscient mais la réalité la rappelle et elle laisse tomber ses bras le long de ses côtes pour déclamer : « Oui. Vous pouvez aider mes hormones. C’est ici qu’elles veulent manger mais vous êtes fermée. » Regard en coin, œil implorant. Le chien presque battu en action dans son plus grand mélodrame pour amadouer la jolie brune. « Je viens de finir le travail et je me suis arrêtée là, je vis pas loin alors….vu que vous êtes déjà venue m’ouvrir… » l’opportunité de venir en aide à une demoiselle en détresse sauf que Tina n’a rien d’un sauvetage à réaliser, ayant les épaules assez larges pour scander ses propres besoins et les réaliser. Néanmoins, pour l’heure, le frisson contre l’échine, elle implore la douce tenancière pour faire preuve de charité pour la paix de son estomac.