written in the stars

une petite citation plus ou moins longue › frère Le pire de la fratrie. Les Hudson, c’est une fratrie de quatre enfants. Je suis le deuxième et dernier garçon. Celui qui en faisait voir de toutes les couleurs à mon frère et à mes sœurs. Celui qui leur faisait toujours de très mauvaises surprises, vivre un cauchemar, constamment, sans pause, tout le temps. Un vrai petit démon que rien ne retenait. Une façon loufoque de leur montrer mon amour. Parce que pour eux, je ferais tout et n’importe quoi. Très protecteur, très attentionné. Généralement, je suis celui qu’ils appellent quand ils ont besoin de se confier. Après tout, je ne suis pas celui qui peut se permettre un quelconque jugement. Compréhensif, ouvert d’esprit, sans jugement, aucun. Étonnement, toujours de bons conseils même s’il arrive qu’on ne les prennent pas souvent en compte au vue de mon immaturité visible à des kilomètres. Une immaturité qui fait tâche dans la famille. Mon père, un riche homme d’affaires qui, et personne ne peut le nier, à tout réussi dans sa vie. Il fait partie d’un de ces riches types qui a fait fortune grâce à sa chaîne d’hôtel, investi des parts importantes dans l’hôpital de la ville. Une mère qui gère tous ces comptes-là, c’est une femme intelligente ayant fait de grande études. Et le reste des Hudson ont suivi cette lignée. Le seul qui n’a pas fait d’études supérieures. Je suis le rêveur de service. Le seul qui n’a jamais voulu faire un de ces boulots très prestigieux que tout le monde admire. Non, moi, j’ai toujours voulu être chanteur. C’est comme ça qu’à trente-six ans, je suis un éternel standardiste, un job que mon père essaye toujours de rendre disponible pour moi, au cas où. Récemment, je n’ai plus d’autre choix que de vivre avec ma petite-sœur. Mon côté trop dépensier qui m’a vite dépassé. A défaut d’être le cerveau de la famille, je suis le rigolo, celui sur qui tout le monde compte et fait confiance. Un mal pour un bien.

ami Aucun mal pour moi de me faire des amis. Belle gueule et sourire naturel, je provoque rapidement la sympathie chez les autres. Ma super capacité à faire des pires bêtises, celles que l’on considère comme étant celles de jeunesse alors que la quarantaine s’approche dangereusement mais sûrement de moi, fait que j’ai souvent des centaines d’histoires à raconter. Aussi, je me montre présent pour mes proches et mes amis. Protecteur sans être lourd, je sais les limites à ne pas dépasser. Je peux poser des questions sans jamais imposer un interrogatoire. Capable d’aller jusqu’au bout du pays pour sortir un être-aimé du bourbier dans lequel, je sais, mes amis peuvent se mettre par moment. Je suis la bonne présence en soirée, celui qui n’a pas peur de payer la tournée pour tout le monde dans le bar. Oreille attentive, épaule confortable sur laquelle se reposer, bien plus de taille à proposer un réconfort sentimental qu’une solution au problème, je suis un soutien sans faille dès qu’on a besoin de moi.

fiancé Un miracle sans nom pour moi et ma famille. Une jeune femme magnifique, intelligente, suffisamment dingue pour adhérer et comprendre mes rêves, ambitions et envies. Je l’aimais. Bordel, qu’est-ce que je pouvais l’aimer. Tout chez elle, absolument tout. Même ses imperfections, et c’est assez amusant, à vrai dire, ce sont surtout ses imperfections que j’aimais. Allée jusqu’à me suivre à Los Angeles. C’est là que j’ai su. C’est là que j’ai su que je voulais d’une vie avec elle, rien qu’avec elle faire ta vie, pour toujours. De ce fait, pour la première fois, en trente-trois ans, à l’époque, j’ai pris une décision : celle de mettre un genou à terre et de poser cette fameuse question. Une question qui a presque immédiatement trouvé une réponse positive. Cependant, avant ce grand jour, je voulais attendre. Attendre d’avoir un peu plus d’argent. D’avoir une carrière. Une véritable carrière, digne de ce nom. De me faire une réputation à Los Angeles voire même dans le pays. Seulement, cette carrière n'a jamais vu le jour. Fatalement, obligés de retourner à New York pour des raisons économiques et financières. Contre toute attente, elle était toujours là. Prête à m’aider, à tenir à bout de bras absolument tout. A s’occuper de moi et de la dépression qui m’a frappé après cet échec cuisant. Jusqu’à ce que je sois devenu trop émotionnellement pour elle. Une simple conversation avec sa mère et elle annulait le mariage. Elle n’était tout bonnement pas prête à s’occuper d’un gamin et tel était ce que je représentais à ses yeux.

chanteur Tout a commencé à mes cinq ans. Ma grand-mère à côté de moi, en train de jouer de la guitare à la perfection. Une fascination qui ne m’a pas quitté depuis cet âge-là. Plus tard, elle m’a appris à savoir jouer de ma voix et du piano. Par la suite, au lycée, en plus de mes activités sportives, avec un groupe d’amis, nous nous sommes lancés dans la création d’un groupe de musique. D’abord dans le garage de nos parents, pour bien correspondre aux préjugés. Le lycée terminé, eux, ont décidé de faire quelque chose de concret de leur vie. Tandis que moi j’avais cette foutue ambition. Cette ambition qui me donnait la détermination pour écrire mes chansons, me perfectionner à la guitare. Enchaîné des boulots plus ou moins stables sans jamais oublier ma passion. Loin de là. Peu importe où je travaille, je ramène ma guitare, et j’en joue quand l'ennui règne en maître. Mettre de la bonne humeur autour de moi avec la musique, telle est ma motivation. C’est ça qui m’a poussé à aller à Los Angeles, à faire écouter à un producteur les chansons que j’écris de A à Z et enregistrer cela comme je le pouvais. Seulement, même si dans les deux, trois bars miteux où j’ai pu me produire à New York, tout le monde semblait apprécier ce que je faisais, que j’étais devenu la petite coqueluche des bars de la ville, à Los Angeles, je ne faisais pas le poids. Rejeté de la pire des façons, en étant rétrogradé à une belle gueule qui pourrait éventuellement réussir dans le cinéma. Alors, je suis retourné chez moi, déçu et ayant provoqué la déception de tous mes proches. Surtout celle mon père qui, l’air de rien, a été un brin fier de moi quand je me suis affirmé pour quitter la Grosse Pomme. Du coup, depuis, je reste ce chanteur des bars du coin. Afin de boucler mes fins de mois je me suis mis à faire les mariages aussi. Certes, ce n’est pas exactement la carrière dont je rêve, loin de là, mais au moins, j’ai  toujours la possibilité de faire de la musique. Heureusement, je ne suis pas avide de célébrité et de reconnaissance, je veux simplement apporter un moment de bonheur aux gens le temps d’une chanson.

paumé Ça fait rire les autres parce que je m’en amuse, que je préfère en rire qu’en pleurer, parce que je minimise la chose et que, de nature, je ne me prends pas au sérieux, mais bordel, je suis vraiment, vraiment paumé. A un stade de ma vie où je ne sais pas quoi faire, dans quel but. Je n’ai presque plus aucune motivation. Espoirs misés, naïvement, ambitieusement, sur cet enregistrement à Los Angeles et aucun plan B. Pas un seul. Rien de quoi rebondir. Si ce n’est un mariage qui ne va, finalement, jamais voir le jour. Ajoutant à cela cette fameuse séparation, je ne suis plus que l’ombre de moi-même. Bien sûr, je suis encore et éternellement le clown de la famille, de mes amis et proches, celui qui fait rire la galerie, qui ne manque pas de raconter une ânerie tous les jours, histoire de bien commencer la journée, mais ce n’est qu’une vulgaire façade, carapace. Pas du genre à me plaindre, à me morfondre. Je préfère rire, voir les autres s’amuser à mes côtés plutôt que de les voir me prendre en pitié, te donner des conseils. Je ne supporte pas d’inverser les rôles, même avec les personnes que j’aime énormément et qui s'inquiètent sincèrement pour moi et qui, quand elles me demandent comment je me porte, le pensent réellement et cherchent une véritable réponse franche afin de m’aider. Mais non, cacher ce que je ressens est mille fois plus simple. Paumé de trente-six ans alors que j’espérais et j’aspirais à beaucoup plus… Une déception que je suis envers moi-même.